Depuis plusieurs semaines, je me faisais la réflexion que ma pratique de la photographie animalière était un peu trop « dispersée ». Entendez par là que l’envie de photographier devenait plus importante pour moi que la connaissance du sujet lui-même. C’est en fait une course à l’image dont internet fournit de nombreux exemple. On y trouve en effet une multitude de sites de photographies animalières allant du plus catastrophique au plus exceptionnel. Lorsqu’on est amateur, la modestie devrait être la règle. Quantité n’est pas qualité.
Après plusieurs réflexions avec mon ami Jean-Christophe sur la technique à employer pour photographier une Pie-grièche grise « rebelle », je viens de prendre conscience que des photographies de qualité ne peuvent être le résultat que d’une concentration totale sur son sujet. Obtenir une belle image au détour d’un chemin est certes agréable mais peu satisfaisant. C’est évidemment plus le fruit de la chance que de la réflexion.
Geai des chênes photographié dimanche matin après l’observation des Bouvreuils (article précédent). Beau sujet, belle lumière, matériel de qualité, mais beaucoup de chance…
Réflexion intéressante. Pour moi les photos qui résultent d’une démarche photographique complète sont en effet celles qui engendrent la plus grande satisfaction. Mais les coups de chances (plus ou moins nombreux suivant le photographe, c’est comme au loto de la commune, c’est toujours celui qui est à côté qui gagne 3 fois dans la soirée…) sont également à prendre, car ce n’est pas vraiment de la chance au final (combien de fois es tu passé à cet endroit avant d’avoir un geai à photographier?) Et puis le vrai coup de chance c’est quand t’as pas une branche floue devant le geai… !
Pour la Pie-grièche elle prend un malin plaisir à ne pas avoir de petites habitudes assez régulières… C’est pas gagné tout ça !
A plus !
J.C.
Salut Jean-Christophe,
Merci pour ton analyse. Je suis d’accord qu’une belle photo est toujours très satisfaisante. Mais j’ai eu aussi cette réflexion en regardant mes anciennes photos. Il y en a un certain nombre dont je ne me rappelait même plus les avoir faites et encore moins du moment où je les ai prises. En fait grâce au numérique, tout un chacun peut réussir de très belles images que l’on expose ensuite sur internet comme des trophées. J’en suis même arrivé à prendre mon téléobjectif quand je vais promener mon chien au cas où je raterai quelque chose…
J’ai acheté cet après-midi « Image & Nature », il y a justement un article sur l’Harfang des neiges qui illustre bien mes propos. Les photographes animaliers vont devenir comme les japonais qui visitent l’Europe : cinq minutes à la Tour Eiffel et faire deux cents photos puis vite on reprend l’avion pour aller se faire photographier devant Big Ben…
Prenons notre temps, observons les animaux, nous ne sommes que des amateurs. On ne réussira peut-être jamais de photos exceptionnelles mais on aura beaucoup de souvenirs.
En résumé continue à t’obstiner sur la Pie-grièche grise, c’est la bonne démarche !
Bertrand
Bonjour à tous. Rentré depuis mardi du Costa-Rica je découvre cette réflexion!!
Nous avions un peu évoqué ce sujet et je dois dire q’elle me travaille !
Quand je feuillette les magazines photos du moment (image&nature, Nat’images qu’y voit-on? De très belles images en effet, d’une qualité technique quasi irréprochable mais à la seconde lecture il apparait que la chouette laponne est nourrie, qu’il y a peut-etre 50 personnes devant elle, que la buse est nourrie, que le lynx vit dans un enclos, que le loup est en fait un loup dressé….. et moi, et toi Bertrand et vous Jean-Christophe on s’echine a essayer de rencontrer un chamois, un canard à oeil doré, un butor. Et on essaie d’en faire un protrait le plus flatteur possible, et pour ce faire on s’equipe de mieux en mieux. Je reste persuadé que NOUS avons raison.
Quant à dire comme tu le fais Bertrand qu’on se disperse trop je ne suis pas d’accord. Pour certains est d’abord née la passion de l’ornithologie tel Jean-Christophe: voulor en savoir toujours plus sur tel ou tel oiseau(x),pouvoir le reconnaitre à sa silhouette, à son chant…. et venu ensuite le plaisir de capturer son image et ensuite le souci de l’image parfaite, celle qui met en honneur cet être cher, qui le magnifie.
Et puis il y a celui (comme moi) qui curieux de tout a le plaisir du voyage, de la decouverte et qui tente d’en faire profiter son entourage par ses photos et qui a force de regarder la tele, les magazines essaie lui aussi de faire en sorte que le sujet qui a attirer son oeil soit bien traité, bien mis en valeur.
Alors le savoir, la chance dans tout ça?
Le savoir nous permet d’augmenter nos chances de rencontres avec l’animal, l’oiseau, mais aussi la personne, le paysage.
La chance est pour moi maitresse du jeu dans l’affaire car l’oiseau, le mammifere, le soleil, la lumière personne ne commande!
Moi qui rentre donc du Costa-Rica je savais que les tortues viennent à Tortuguero pour pondre… en juillet/Aout/Septembre donc pas de tortues par contre je suis certain de pouvoir y rencontrer des garzettes bleues, des hérons tigres, des singes hurleurs en Janvier encore faut-il qu’il ne pleuve pas (trop), que tel ou tel animal ne reste pas au sommet de l’arbre….
Pour ce qui est du Quetzal, je savais qu’on pouvait le voir dans la vallée de San Gerardo da Dota, qu’il se nourrit d’avocats sauvages, qu’il n’aime pas le soleil et sort donc le matin de bonne heure mais les matins ou je suis allé à sa rencontre il y avait beaucoup de vent, de la pluie…. et finallement on en a vu 1 mais des feuilles se balançaient devant lui, il nous tornait le dos…..
En résumé il nous faut perseverer dans notre demarche, provoquer la chance et surtout nous laisser séduire par l’entier de ce que nous propose Dame nature, et toujours tenter de la montrer sous son meilleur angle, dans une belle composition.
A bientôt et pardon pour la longueur.
Salut Patrice,
Pas trop dur le retour ?
Après avoir lu tes commentaires, je pense que je me suis aussi dispersé dans mes propos. En fait il y a deux problèmes.
Le premier concerne notre capacité à obtenir des images originales. Notre pratique actuelle fait que l’on photographie les animaux que l’on rencontre par hasard. On n’a pas la démarche logique qui voudrait que l’on observe, que l’on comprenne et qu’ensuite seulement on photographie. On espère toujours qu’au cours de nos ballades on va réussir la photo de l’année. Mais on n’y arrive jamais. Donc si l’on veut réussir de meilleures images, il faut changer notre pratique ou avoir beaucoup de chance…
Le deuxième est plutôt en rapport avec la course aux images qui entraine les dérives que l’on peut voir au Canada. Quel est l’intérêt de photographier un Harfang dans ces conditions ? Au final, je préfère une belle série sur le Tichodrome du Fort l’Ecluse qu’une photo exceptionnelle d’un Harfang. D’ailleurs maintenant tout le monde regardera d’un autre œil ces images canadiennes
Ta démarche est complètement différente. Lorsque tu voyages il ne me semble que tu fasses la queue pour photographier un Quetzal…